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Roudoudou et compagnie
21 mars 2014

On ne m'avait pas dit

 

On ne m'avait pas dit

J’avais tout pensé, tout prévu, tout préparé.
Je m’étais projetée dans cette nouvelle vie, ce nouveau rythme.

Nous avons mis des années à t’avoir. Nous avons perdu ces bébés, ces 3 petits embryons. Puis tu es arrivé par chance et tu as fait ton nid tranquillement.

J’ai eu la chance de cohabiter avec toi le plus facilement possible. Ton arrivée dans mon ventre fut tellement surprenante que je n’ai jamais réussi à réaliser ta présence. J’ai tout fait par automatisme, logiquement et tranquillement. Je n’ai jamais réussi à te parler, à te caresser par delà cette peau et ce ventre qui nous séparait. Je ne t’ai pas chanté de chansons, j’ai eu un mal fou à te sentir bouger. Je te savais là en moi mais cela me paraissait tellement étrange et improbable. Comment un petit être humain pouvait grandir en moi.  Comment pouvais-je être capable de créer quelqu’un ?

Un jour, tu as décidé de sortir et enfin de nous rencontrer. Tu as mis 3 jours à sortir. Tu étais tendre avec moi et je n’ai pas eu de contractions. Malheureusement, il faut souffrir pour être heureuse autant qu’être belle. Tu n’arrivais pas et mon petit poisson rouge avait vidé son bocal.
On m’a déclenché.

Tu n’arrivais pas à sortir et pour la première je t’ai parlé.« Descends Marius, stp descends ». Tu m’as entendu. Tu m’as compris.

Tu es né avec deux tours de cordons. Joli petit bijou de la vie.

 

Une seconde.
En une seconde on t’a posé sur moi. J’avais imaginé que notre rencontre serait un coup de foudre, un tsunami d’amour.  Je me suis juste sentie vide et libérée. Perdue. Tellement perdue.

Tu étais là c’est vrai, dans mes bras mais je ne savais pas quoi faire.
Notre première nuit a été un cauchemar. J’étais épuisée et je ne te comprenais pas. Je n’arrivais pas à croire que tu étais à moi. Je n’arrivais pas à savoir si je t’aimais.

Nous sommes rentrés à la maison et encore une fois tout s’est fait automatiquement. Je ne savais pas si tu m’aimais, si je t’aimais, si tu savais que j’étais ta maman. J’avais l’impression d’être mauvaise, de ne pas être fusionnelle. Je voyais les autres, leur relation avec leur nourrisson déjà tellement installée. J’avais cru qu’en partageant 9 mois ensemble dans ce même corps nous serions complices. Nous ne serions qu’un.

Personne n’a vu ma souffrance.  Ton papa a compris. Il m’a rassuré mais il n’y avait rien à faire. Le temps a passé. Tu as grandi et notre relation s’est construite petit à petit. Je m’en suis voulu. J’ai beaucoup culpabilisé et écrire ces mots est difficile.

Personne ne parle de ce sentiment. Mais il existe et je suis persuadée que je ne suis pas seule à l’avoir ressenti. Je voulais poser ces mots pour m’en libérer et peut-être soulager une maman qui, comme moi, serait mal. L’amour pour mon fils est né en même temps que lui.  La maman que je suis à simplement mis 9 mois pour se révéler, prendre conscience et confiance.

J’ai mis 9 mois à sortir de cette tourmente.
9 mois, comme une seconde grossesse. J’ai mis tout ce temps pour être sur de moi, m’apercevoir que je t’aimais depuis la première seconde et que tu m’aimais tout autant. 9 mois pour me sentir bien, heureuse et enfin profiter de toi et de nous.

La fusion était bien là. La magie aussi.

 

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